En réponse à Alain : Choix publics

samedi 25 avril 2009 ·

Alain B du Petit Émerillon a pris le temps de répondre à ma question sur l'hypothèse qui veut que si le marché échoue, l'État est nécessairement supérieur en la matière. Il argumente qu'il est possible d'avoir un État de bonne qualité qui n'est pas nécessairement néfaste.

Je ne suis pas en desaccord avec une telle définition si et seulement on prend le temps de définir ce qu'est la qualité de l'intervention de l'État et selon quelle échelle celle-ci est mesurée. Par exemple, il serait impossible de concevoir un État qui ne s'occupe pas de la justice ou de la défense nationale. Il est possible de concevoir un État qui se finance adéquatement de la manière la moins néfaste possible. Il est aussi possible de concevoir un État qui maintient un certain niveau de dépenses sociales qui sont financées de manière intelligente (tarification des services publics, taxation de la consommation).

Toutefois, quand l'État intervient, il faut réaliser que ceux qui le font fonctionner ne sont pas des créatures angéliques. J'en ai déjà parlé, mais la politique ce n'est pas une romance. Cette idée que les politiciens sont assujettis aux marchés politiques et à leurs propres intérêts qui ne sont pas nécessairement ceux des consommateurs et contribuables est à la base de la théorie des choix publics.
La théorie des choix est bien résumée par son père intellectuel, James Buchanan qui a gagné le Prix Nobel d'économie de 1986 pour ces études, dans ce discours qu'il a tenu en 2003. Le politicien et le bureaucrate veulent maximiser quelque chose eux aussi, soit leur prestige ou leurs chances électorales. Cela peut donc produire des atrocités en termes de cohérences des politiques publiques ou en termes d'efficacité économique.
Un exemple pour illustrer est celui de l'industrie du pétrole. Les politiciens s'amusent à taper sur l'industrie pétrolière pour les sables bitumineux, par contre ces mêmes politiciens leur accordent des subventions à la recherche et au développement. Ces mêmes politiciens critiquent le copinage entre l'État et les entreprises, parlant de complot parfois, et viennent ensuite demander des paquets de sauvetage pour General Motors. Ces mêmes politiciens parlent d'aider l'environnement et réglementent les prix de l'électricité à la baisse, ce qui empêche le mécanisme des prix d'inciter à plus d'efficacité énergétique. L'État réglemente le marché du travail pour aider les syndicats à pouvoir retirer plus des employeurs mais ensuite l'État décide d'offrir des vastes programmes de subventions aux entreprises.
L'État a un tableau de préférences vastement différent de celui du secteur privé. Toutefois, les deux (état et privé) veulent faire un profit. C'est juste que ce profit prend une forme différente...
Alors je maintiens ma critique que j'avais formulé. En quoi l'État est-il supérieur au marché si le marché échoue?


5 commentaires:

Anonyme a dit…
25 avril 2009 à 13:43  

L'art du pillage - par Pierre Lemieux

Bryan Breguet a dit…
25 avril 2009 à 15:58  

Vincent, je trouve ton analyse très incomplète. L'Etat possède des outils uniques et efficaces. Ne pensons simplement qu'à la possibilité d'édicter des lois! Le marché ne peut pas le faire. Donc ton idée de "si le marché échoue, l'état ne peut pas faire mieux" est simplement fausse. L'état peut intervenir avec des moyens différents. Que ce soit clair, je ne dis pas que l'état est nécessairement meilleur, mais je refuse ton argument que l'état ne peut PAS être meilleur. Que ce soit en utilisant son pouvoir de taxation ou de règlementation, l'état peut corriger des erreurs ou des lacunes du marché. Est-ce que la faillite de GM est une lacune du marché? Non! Bien au contraire. Mais dans d'autres situations, oui c'est le cas.

D'autre part je n'aime pas l'analyse des choix publics, je pense que ce cadre d'analyse est beaucoup trop limité pour analyser des décisions aussi importantes.

louisp a dit…
25 avril 2009 à 19:55  

x F(a1,a2,a3...aI) y

and you know it!

Administration a dit…
25 avril 2009 à 20:01  

Puis-je avoir quelques exemples de l'État qui fait mieux?

Merci.

Bryan Breguet a dit…
26 avril 2009 à 00:35  

En fait un simple exemple utilisé en science économique sont les Biens Publics. Par Biens publics, nous parlons ici de Biens que tout le monde consomme, sans avoir le choix (genre le soleil, l'air...). En présence de Biens publics, le libre marché est en fait inefficace en raison de sous-investissement (problème du freerider). Un exemple de Bien public peut être l'armée. Tu "consommes" la même quantité de défense que moi, au Canada. Donc dans ce cas, il vaut mieux que l'armée soit publique plutot que fournie par un marché compétitif. Je sais que mon exemple n'est surement pas le meilleur, mais tu peux appliquer cela à d'autres choses, genre un parc, des routes (s'il n'y a pas de congestion)...

Sinon prenons la pollution et les externalités. Sans l'etat, les firmes peuvent polluer car c'est "gratuit". Mais l'etat peut reglementer et forcer les firmes à polluer moins, ou mettre en place un marché du carbone, ou une taxe, etc.

Il est en fait très facile de trouver des exemples où l'intervention de l'état est en fait souhaitable. Bien sûr je suis dans la théorie là. Voulais-tu un exemple concret mathieu?

Je pense, à mon avis, que l'état fait une meilleure job pour fournir une assurance maladie universelle que des compagnies privées. Que ce soit clair, je suis un grand partisan du privé en santé et des assurances privées complémentaires, mais en ce qui concerne la couverture de base universelle, je pense que l'etat est plus efficace et que c'est plus simple (moindre couts, pas de problème ethique (genre une compagnie ne voulant assurer que les jeunes en santé)).

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Au sujet du blogue

Scientifiquement justes, politiquement incorrects

Auteurs

Bryan Breguet est candidat au doctorat en sciences économiques à l’université de Colombie-Britannique. D’origine Suisse, il a passé les cinq dernières années au Québec au cours desquelles il s’est engagé en politique provinciale malgré le fait qu’il ne possédait pas encore la citoyenneté canadienne. Il détient un B.Sc en économie et politique ainsi qu’une maitrise en sciences économiques de l’université de Montréal. Récipiendaire de plusieurs prix d’excellences et bourses, il connaît bien les méthodes quantitatives et leurs applications à la politique.







Vincent Geloso holds a master’s degree in economic history from the London School of Economics, with a focus on business cycles, international development, labor markets in preindustrial Europe and the new institutional economics. His research work examined the economic history of the province of Quebec from 1920 to 1960. He holds a bachelor’s degree in economics and political science from the Université de Montréal. He has also studied in the United States at the Washington Centre for Academic Seminars and Internships. Mr. Geloso has been an intern for the Prime Minister’s cabinet in Ottawa and for the National Post. He has also been the recipient of a fellowship from the Institute for Humane Studies and an international mobility bursary from the Ministère des Relations internationales du Québec. Currently, he is an economist at the Montreal Economic Institute.

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