La Grande Noirceur

lundi 21 juin 2010 ·

Voici un tableau de ma dissertation de maîtrise sur Maurice Duplessis. L'idée de la Grande Noirceur fait souvent référence à l'époque de Duplessis et l'accuse donc d'avoir retardé la province. En gros, après la guerre le train des temps modernes passaient à côté du Québec sans l'embarquer à bord.Comme disait Claude Castonguay dans le temps : “from the moment the war ended until about 1960, there was tremendous economic growth in the world but it practically passed Quebec by”.

Mais je n'étais pas convaincu de cette thèse, j'ai donc pris la peine de diviser la période 1926 à 1960 en deux: 1926 à 1939 et 1945 à 1960. J'ai exclu la guerre pour des raisons statistiques évidentes et j'ai considéré le premier gouvernement Duplessis(36-39) comme faisant parti de la première période puisque Duplessis a considérablement changé entre ce mandat et son deuxième règne de 1944 à 1959.

Ce qu'on remarque, c'est que les historiens révisionnistes comme Conrad Black ou Gilles Paquet avaient raison, l'ère de Maurice Duplessis en est une de rattrapage sur le plan économique. En plus, il s'agit d'une ère dans laquelle le Québec performe magnifiquement mieux relativement à l'Ontario que dans la période précédante s'étalant de 1926 à 1939.

Mais ce que je trouve encore plus intéressant, c'est que la modernisation et le rattrapage économique qui semble commencer sous Duplessis (et moi je dis en grande partie grâce à Duplessis) continue sous la Révolution Tranquille sans grande brisure. Cela me porte à questionner l'ampleur d'une grande noirceur et par extension l'ampleur de la Révolution Tranquille.

Commentaires (8)

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La raison de cette supposée glorification de la Révoution Tranquille vient surtout de comment elle a été abordée par les historiens qui étaient tous des libéraux dans les années 60. Par contre, il existe maintenant un petit nombre d'historiens qui disent que beaucoup de fausse information a été circulée par rapport à Duplessis, en particulier du fait que peu de gens jusqu'à date se sont penchés sur le pourquoi l'UN gagnait des élections avec un score magistral particulièrement en région et le clientèliste existe pourtant encore aujourd'hui sous une échelle 1000 fois plus grande avec l'état providance car ce n'est plus un état minarchique comme dans les années 50 oû l'élément principal était de construire des routes.
Donc, autant aussi dire que les années 50 de l'après-guerre furent un véritable boom partout en Occient. Aussi, il est évident que le régime de l'Union Nationale était carrément à l'image de celle des autres provinces canadiennes à cette époque juste à penser à la Grosse machine bleue en Ontario et au régime créditiste en Alberta en étant une coalition d'électeurs très forte en son sens et cela même jusqu'en 1970. Même Jean Charest voulait être PM unioniste du Québec lorsqu'il était jeune! lol!
Allo Mat, comme d'habitude, je dois te dire que j'aime beaucoup beaucoup tes commentaires! Effectivement, les historiens du genre de Durocher, Linteau, Rocher, Ricard, Robert, Boismenu sont selon moi des gens qui ont grandis académiquement en opposition au duplessisme dans une approche peu empirique et souvent discutable selon moi. Ce qui est intéressant surtout, c,est comment souvent ils font du va-et-vient entre la corruption de Duplessis et son opposition aux syndicats. Mais personne ne note ses lois pro-travailleurs, son bureau de l'hygiène industriel, sa loi sur la réhabilitation des travailleurs blessés. Je pense que la Révolution Tranquille et la Grande Noirceur sont des concepts faux et qu'en fait, le Québec commence à se moderniser sous duplessis et ce grâce à Duplessis.

Pour Charest: oui je sais!!! C'est dans sa bio par Pratte, même moi je trouvais ca drôle, mais j'avais pas vu dans l'angle intéressant dans lequel tu viens de le voir. Si tu veux, je peux t'envoyer ma dissertation, c'est pas un grand papier académiques, mais y,a des choses dedans qui valent la peine d'être connues.
On parle d'une comparaison avec l'Ontario, au moment où Toronto devient progressivement la métropole du Canada, devant Montréal. En gros, l'Ontario n'a pas dormi pendant ces années-là, elle non plus. Ce que l'on voit aussi, sous Duplessis (1950-1958), c'est presque une décénnie de baisse du PNB.

Finalement, en revenus personnels, l'ère duplessiste ne se compare pas une seule seconde à la Révolution Tranquille. On voit le revenu personnel monter en flèche avec l'élection libérale en 1960 par rapport à l'Ontario, alors qu'à cette époque, l'Ontario a pourtant une croissance économique monstrueuse (8%/an).

Je voudrais aussi voir les chiffres en absolu. Je comprends le besoin de comparer les périodes avec une autre province, mais c'est clair que la Grande Noirceur n'a pas été une période de ralentissement économique en général. Par contre, ce n'est pas comparable aux années '60.
2 questions.

1) Deja posé, jamais eu de réponses satisfaisantes. Quand le gars dit que le monde entier était en croissance, sauf au Québec. Sur quoi se base-t-il pour affirmer cela?

2) Quelle est la différence entre le revenu personnel et le revenu national brut? J'ai surement vu cela, mais ces notions de compta, je les oublie. Je demande, car ce que je retiens de ce graphiques, au-delà de la progression du revenu personnel post-1960, c'est la non-convergence du revenu national brut. Expliquer cela serait intéressant.
Par rapport à la première question, j'ai l'impression qu'on essaye de cacher que les millieux ruraux étaient pas plus pauvres au Québec qu'ailleurs en Amérique du Nord. Prenez le Dust Bowl dont le Québec des années 30-40 a moins connu qu'ailleurs comme en Oklahoma, au Kansas ou en Saskatchewan.

Or, toute l'Amérique du Nord a connu une seconde vague d'urbanisation massive juste après la guerre jusqu'au millieu des années 60 avec les années 50 qui furent une période de relative stabilité économique en Amérique du Nord.
Bryan: La différence entre les deux, c'est que le PDI c'est le PIB moins dépréciation moins business taxes plus revenus du capital et ensuite tu prend ca (c,est National Income) et ensuite tu ajoutes les earnings pas dépensés par les entreprises (corporate savings), plus transferts (on est rendu au personal income) moins Personal Taxes (et là on a PDI).

Bryan 2: C'est des affirmations qui ressortent fréquemment tant dans les manuels d'histoire de secondaire IV (je me sers de celui de ma soeur qui parle littéralement de "déclin du Québec" dans la grande noirceur. Boismenu aussi fait ca avec Linteau et les autres de manière assez malhonnête...

Manx: Tu as tort, si tu cherches un papier de Mario Polèse pour l'INRS je crois, tu remarqueras que Montréal dominait Toronto jusquà - wiat for it - 1977. Croissance économique similaire, et population plus grande...alors déjà pour le test empirique c'est pas vrai. Quant à la croissance: oui pis? Ca change pas l,affirmation que je fais ici. Si le Québec avait une croissance plus vite sous Duplessis que l'Ontario mais que après 1960, l'Ontario ET le Québec se mettent à croitre aussi vite...ca fait que le changement est pas unique au Québec et qu'il est partagé. Donc pas de révolution tranquille en tant que ca, juste ce que tout le monde en Amérique du Nord vivait...les trentes glorieuses...wow...c'est juste plate à dire comme ca...mais le Québec a rien d'unique à cette époque...c'est ca que je dis
Matvail : Je suis pas d'accord pour stabilité économique. Ce qui est fascinant c'est que entre 1944 et 1960, le Québec performe aussi bien malgré un cycle d'affaires nettements plus volatile. Dans cette période, en utilisant la définition du NBER, il y a eu 4 récessions(1 partagée avec la période de la RT) ! Entre 1960 et 1976, il y a 2 récessions (dont celle partagée avec la GN). Une raison que je pense que le taux moyen est aussi bon sur l'ensemble de la période, c'est que le business cycle est aussi smooth qu'il l'est entre 1960 et 1976 (les trois dernières de ca c'est moins smooth avec la crise de 1974 causé en partie par les prix de l'essence)

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Au sujet du blogue

Scientifiquement justes, politiquement incorrects

Auteurs

Bryan Breguet est candidat au doctorat en sciences économiques à l’université de Colombie-Britannique. D’origine Suisse, il a passé les cinq dernières années au Québec au cours desquelles il s’est engagé en politique provinciale malgré le fait qu’il ne possédait pas encore la citoyenneté canadienne. Il détient un B.Sc en économie et politique ainsi qu’une maitrise en sciences économiques de l’université de Montréal. Récipiendaire de plusieurs prix d’excellences et bourses, il connaît bien les méthodes quantitatives et leurs applications à la politique.



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Vincent Geloso holds a master’s degree in economic history from the London School of Economics, with a focus on business cycles, international development, labor markets in preindustrial Europe and the new institutional economics. His research work examined the economic history of the province of Quebec from 1920 to 1960. He holds a bachelor’s degree in economics and political science from the Université de Montréal. He has also studied in the United States at the Washington Centre for Academic Seminars and Internships. Mr. Geloso has been an intern for the Prime Minister’s cabinet in Ottawa and for the National Post. He has also been the recipient of a fellowship from the Institute for Humane Studies and an international mobility bursary from the Ministère des Relations internationales du Québec. Currently, he is an economist at the Montreal Economic Institute.

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