Texte publié par Bryan Breguet & Vincent Geloso dans La Presse du 8 septembre 2009.
Les politologues et médias utilisent souvent le terme « parlement à l’italienne » pour décrire l’instabilité gouvernementale résultant d’un mode de scrutin proportionnel. Avec la perspective de nouvelles élections fédérales cet automne, à peine un an après le dernier scrutin, nous sommes en droit de nous poser la question : les manuels de science politique parleront-ils de gouvernement à la canadienne pour décrire l’instabilité résultant du mode de scrutin uninominal que nous connaissons? Les électeurs canadiens ont en effet été appelés aux urnes en 1997, 2000, 2004, 2006 et 2008. En cas de scrutin cette année, cela porterait donc le nombre d’élections à 6 en 12 ans, dont 4 dans les cinq dernières années. De plus, les sondages ne laissent pas présager de l’élection d’un gouvernement majoritaire (peu importe la couleur) en cas d’élection cet automne. Ainsi, l’instabilité perdurera encore pour au moins quelques mois selon toutes vraisemblances. Pour un système politique (et un mode de scrutin) qui garantit soi-disant la stabilité politique et l’action gouvernementale, on repassera! Plusieurs diront que cette instabilité est le fruit de la forte présence du Bloc Québécois. D’un point de vue purement arithmétique, ils n’auront pas tort. Cependant, la vraie raison de ces scrutins à répétition est l’incapacité flagrante de nos politiciens à s’entendre et à collaborer. Il n’existe aucune culture du consensus ou de coalition dans ce pays, principalement car le mode de scrutin ne favorise pas cela. Nos politiciens continuent de penser qu’un gouvernement minoritaire est une « erreur » de l’électorat et qu’il suffit d’attendre 12-18 mois pour corriger cela. Sauf que de toutes évidences cela n’est plus vrai. En effet, en cas d’élection d’un autre gouvernement minoritaire, cela ferait quatre de suite, un record.
Par comparaison, des pays comme l’Allemagne ou
Il nous apparaît que le cynisme de la population envers la classe politique ne peut qu’empirer si ces scrutins deviennent une nouvelle tradition canadienne. Combien de gouvernements minoritaires cela prendra-t-il avant que nos politiciens ne commencent à collaborer? Si les Canadiens refusent d’accorder une majorité aux partis fédéraux, il y a une question à se poser : nos politiciens peuvent-ils s’entendre pour mieux représenter les désirs des électeurs ou devrions-nous les « forcer » en changeant le mode de scrutin?