Mario Dumont et Pauline Marois ont raison

jeudi 6 novembre 2008 ·

Depuis des mois, Mario Dumont dit des absurdités. Néanmoins, aujourd'hui il marque un point en proposant de privatiser partiellement Hydro-Québec. Par ailleurs, Pauline Marois a raison d'accuser Jean Charest de vouloir cacher des chiffres.

Pour commencer, comme moi et Bryan l'avons dit avec véhémance dans notre article de La Presse et dans notre réponse à Didier Fleury, le déficit zéro n'existe pas. Je peux vous donner un graphique comme celui pour vous montrer que - selon la définition d'un économiste - le déficit zéro n'existe pas puisque les dépenses semblent être plus grandes que les revenus. Ce qui veut dire qu'on s'endette : Mais vous êtes pas obliger de me croire quand je dis que le déficit cumulé du Québec depuis l'exercice budgétaire au 31 mars 2007. Croyez le Vérificateur-Général qui dit clairement que le déficit zéro n'existe pas (je sais pas pourquoi on a besoin du VG pour comprendre ça). Alors selon moi, il est clair que le gouvernement cache quelque chose. Qu'est-ce que ce quelque chose?

Ce quelque chose serait probablement que malgré qu'il avait un mandat fort de 2003 à 2007 (i.e. majoritaire), Jean Charest n'a effectué aucune réforme à grande portée, a reculé sur des dossiers mineurs et n'a pas tenté d'engranger des surplus en temps de prospérité (qui étaient dûs beaucoup à une conjoncture favorable qu'à la bonne gestion du premier ministre). Preuve qu'un majoritaire n'est pas nécessairement une garantie de "bonne gestion et stabilité".

Maintenant, ma piéce de résistance; Mario Dumont. Pour la première fois depuis des lustres, il tire dans le but avec l'agilité d'un Maurice Richard. Il ne va pas jusqu'à proposer une privatisation plus vaste que j'aimerai voir. Néanmoins, j'admet que plus le chiffre s'approche de 100% quant à la privatisation d'Hydro-Québec, plus je suis heureux. Il est donc clair que 7.5% est préférable à 0%. La présence de 7.5% d'actionnaires dont la seule mission sera de maximiser le profit d'Hydro-Québec (donc leurs dividendes) forcera Hydro-Québec à se discipliner et à dépolitiser. La logique de Mario Dumont sur cette question est louangeable, mais trop rarement démontrée.

Néanmoins, cette politique est incompléte. Elle doit s'assortir d'une réforme de la loi sur la régie de l'énergie (à défaut d'avoir une privatisation compléte) qui force celle-ci à considérer les coûts d'opportunité de l'électricité pour que les prix soient ainsi des prix de marché. Elle doit aussi s'ajouter d'une élimination pure et simple du bloc patrimonial qui dévalorise la ressource en l'offrant à des entreprises qui sont en déclin comme des subventions indirects de maniére à créer des emplois en régions éloignées alors qu'on pourrait obtenir plus sur les marchés extérieurs. Les adéquistes avaient refusé de considérer une hausse des tarifs d'électricité comme le suggére le Rapport Montmarquette.

Toutefois, Bryan sera peut-être plus sévère que moi, mais je pense qu'un économiste comme Mario Dumont sera assez intelligent pour comprendre qu'une privatisation partielle doit s'accompagner d'une réforme de la régie de l'énergie(tout comme une privatisation compléte implique la mort de la régie - même si on est pas d'accord avec l'idée de privatiser, c'est seulement logique de vouloir privatiser et laisser les prix s'adapter).

Alors aujourd'hui, je léve mon chapeau à Pauline Marois et Mario Dumont en espérant qu'ils réussisent à demeurer crédibles et intelligents.

4 commentaires:

Bryan Breguet a dit…
6 novembre 2008 à 17:04  

Juste pour mentionner: je ne veux pas paraître hautain, mais je ne peux pas qualifier Mario Dumont d'économiste. Avoir un bacc en economie ne permet, d'après moi, d'avoir le terme d'économiste. Désolé si cela peut paraître élitiste, mais après tout, je me tappe, comme beaucoup de personnes chaque années, 5 ans d'études justement pour obtenir ce terme d'économiste...

T@sk a dit…
6 novembre 2008 à 17:08  

J'ai déjà entendu qu'Hydro-Québec ne pouvait être privatisée au-delà de 10% sans qu'elle doive payer de l'impôt au fédéral... soit un transfert de milliards de dollars du gouvernement du Québec au fédéral...

Moi aussi j'aimerais bien voir Hydro-Québec davantage privatisé, mais il reste que dans l'état précaire du Québec, l'État ne peut se priver du moindre revenu.

J'attends de M. Dumont qu'il nous annonce du ménage, un vrai ménage... dans tout l'appareil bureaucratique... je veux entendre parler de coupures, de rétrécissement de l'État, d'abolition de paliers administratifs inutiles... de se serrer la ceinture... raisonnablement... et de remboursement de la dette...

Ça ne plaira pas à la go-gauche, mais on en est rendus là... On n'aura bientôt plus le choix, il faudra ou bien couper, ou bien taxer... Ou bien couper pour faire mieux et plus efficace avec moins, ou bien taxer comme des lâches ad vitam eternam...

Les contribuables sont assez responsables pour savoir que le Québec ne leur en donne pas pour leur argent... Qu'attend-on pour agir ?

t@sk

Bryan Breguet a dit…
6 novembre 2008 à 17:46  

R"ask, tu as un bon point, mais je crois qu'il existe maintenant des accords avec les provinces où le privé joue un rôle dans le marché de l'électricité. Car les autres provinces s'étaient justement plaintes du traitement préférentiel accordé au Québec. Mais je me renseignerai.

En fait ici la question des revenus, c'est vraiment la suivante: préférons-nous nous priver de 160mio de dividendes chaque année (je pense que c'est l'estimation faite) en échange de 10 mia$ tout de suite que l'on peut appliquer à la dette? Car une privatisation de 10% ne changera RIEN à la culture d'entreprise d'hydro ou aux prix (désolé Vincent mais je pense sincèrement que tu es dans le champ sur ce coup, de plus Hydro a deja comme seul mission de maximiser ses profits il me semble, sous contraintes imposées par la régie), alors le seul enjeux est vraiment de savoir si l'on veut "liquéfier" une partie des avoirs que l'etat possède dans Hydro-Qc. J'avoue que je serais assez favorable.

Vincent Geloso a dit…
6 novembre 2008 à 19:15  

Pour répondre à Bryan, je suis partisant d'un privatisation compléte de Hydro-Québec. La partielle par compromis politique, mais à bien plus que 7.5%.

Il est définitif que la privatisation ne changera pas tant que ca la gestion de HQ si c'est à 7.5%. Je pense qu'à hauteur de 25-30-35-40%, ca peut commencer à influencer.

Mais j'aimerai aussi dire que la privatisation proposée par Dumont( pour répondre à T@sk) n'est pas une privatisation comme je le souhaite, mais elle peut être désirable.

1. Dumont ne veut pas changer les prix de l'électricité.
2. Je suis prêt à tolérer le trade-off (considérant la situation actuelle) de vendre 7.5% de Hydro pour allouer au remboursement de la dette (PAS FINANCER 2 MILLIARDS POUR DES ENTREPRISES EN DÉCLIN COMMME CHAREST PROPOSE).

Néanmoins, si on effectue une privatisation partielle. J'aimerai le faire non pas seulement en vendant des actifs, mais en soulevant de nouveaux capitaux. C'est-à-dire inviter le secteur privé à amener des capitaux pour du développement additionnel.

Mais, je préfère tout simplement la compléte.

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Au sujet du blogue

Scientifiquement justes, politiquement incorrects

Auteurs

Bryan Breguet est candidat au doctorat en sciences économiques à l’université de Colombie-Britannique. D’origine Suisse, il a passé les cinq dernières années au Québec au cours desquelles il s’est engagé en politique provinciale malgré le fait qu’il ne possédait pas encore la citoyenneté canadienne. Il détient un B.Sc en économie et politique ainsi qu’une maitrise en sciences économiques de l’université de Montréal. Récipiendaire de plusieurs prix d’excellences et bourses, il connaît bien les méthodes quantitatives et leurs applications à la politique.







Vincent Geloso holds a master’s degree in economic history from the London School of Economics, with a focus on business cycles, international development, labor markets in preindustrial Europe and the new institutional economics. His research work examined the economic history of the province of Quebec from 1920 to 1960. He holds a bachelor’s degree in economics and political science from the Université de Montréal. He has also studied in the United States at the Washington Centre for Academic Seminars and Internships. Mr. Geloso has been an intern for the Prime Minister’s cabinet in Ottawa and for the National Post. He has also been the recipient of a fellowship from the Institute for Humane Studies and an international mobility bursary from the Ministère des Relations internationales du Québec. Currently, he is an economist at the Montreal Economic Institute.

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